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Jean-Jacques GAUTHIER

Au feu de camp.

J'aime au soir le soleil
Quand il meurt sur les dunes,
S'abandonnant au sable
Qui en boit lentement la lumière.
L'obscurité étend de silencieux soupirs
Sur la nuit du désert.
Éclaboussée d'étoiles elle frissonne d'ombres
Dont les yeux affamés ont des idées de sang.
Des idées de proies.
Ces fantômes louvoient au travers d'arbres secs,
Transparents et tordus.
Mon faisceau les surprend.
Réveille leurs iris ;
Vertes pupilles rondes grandies d'étonnement.
Très vite les regards se dérobent ; se sachant repérés.
Quelques cris plaintifs fusent
Comme autant de questions.
Les sombres hyènes hument les effluves du camp :
Espèrent un prochain repas.
Leur maraude hésitante peut durer une nuit.
Le feu, notre allié brûlera – sentinelle –
Sa danse silencieuse maintiendra à distance
Les fauves inquiétés et nous pourrons dormir
A l'abri de la toile – ce rempart dérisoire –
D'un sommeil éthéré
Qui entendra les voix de la nuit africaine.