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Jacques ICHARD-MAURY

Second souffle

Qu’ai-je encore à faire ici-bas
Cueillir sur un sourire des jonquilles
Pour les offrir à quelque jeune fille
À quelque enfant vendre ce marché d’herbes
Fouler d’un pied léger un pré imberbe
Qu’ai-je encore à faire ici-bas

Donner l’envie du chant moi qui ne chante pas
Donner plaisir de valse quand je ne valse pas
Donner sourire et rire quand grimace me piège
Donner la course au temps bien que rivé au siège
Qu’ai-je encore à faire ici-bas
Tandis que l’aiguille s’abat

Aurais-je tant vécu que mon visage soit steppe devenu
Quel cheval y courrait après le vent glacé désolé et nu
Tandis que l’aiguille ici bat
Cet inachevé qui m’abat
Qu’arbre et feuille me disent tout bas
Ce que je pourrais faire ici-bas

Encore encore car l’heure n’est pas venue
Dans la nuit de me fondre et me perdre en la nue
Dans la nuit s’est perdu tout au fond de la rue
L’œil sombre qui guida vers le rêve entrevu

Aurais-je tout vécu que demain soit manège
Ô que berce la mer des étoiles la neige
Qui douce vient poser le blêmir de l’azur
Quand à la branche ne demeure qu’un fruit sûr

Mais que pourrais-je faire que je n’ai déjà vécu
Qui ne serait variation d’un air déjà connu
Caricature triste pâle imitation
D’un singe pitrerie sans imagination

Tourner le dos au mur du futur et puis voir
S’en venir tous ceux-là que je n’attendrai pas
Ignorants la mesure que prennent leurs pas
S’en venir vers l’horizon que tisse mon soir

Combien longue est la nuit sans soleil à son bout
Combien la soirée fraîche où s’endort mon ennui
Il faudrait devenir ce soleil de minuit
Comme un phare marin dans la mer gît debout


En amnésie sombrer pour à nouveau soi-même
Naître comme saison naît en oubli d’hiver
Que couvre la rosée la fleur de diadème
Sans savoir son baiser décliner ses hiers
Et jamais les projets n’être de la mémoire
Que révision et tricherie nommées espoir

Qu’ai-je encore à faire ici-bas
Quelle page du livre sera la dernière
L’ignorerai-je tout autant que la première
Est-il encore un grenier et un coffre
Duquel déplier cet enfant qui s’offre
Au fleuve qui coule ici-bas.