Ils ne sont plus qu'une cinquantaine De travailleurs du plus grand lac alpin A poser des filets et des nasses Sous son immense surface Nacrée qui selon Le ciel et l'heure Se charge d'orangés De jaunes ocrés Ou de froides couleurs Du bleu tendre Aux verts profonds
Leurs barques tracent Comme dans les champs De longs sillons Mais ils s'effacent A peine nés S'estompent Et se fondent Dans la masse Fraîchement labourée Des eaux du Léman
Jour après jour Les pêcheurs affrontent Le lac par tout temps Tandis que dans le silence Des profondeurs Ne se doutant de rien Les perches et les féras Les gardons, les lottes, les truites Et les ombles chevaliers Nagent toujours Dans la candeur Et l’innocence