Le poème parle à lui-même Pour se gonfler les poumons Puis il soupire Ferme les yeux On dirait qu’il s’étire Se couche sur le papier Comme le chien dans son panier
Il s’endort seul Et seul il se réveille Au matin blême En tendant l’oreille
Doucement le poète Enserre son cou d’un collier de cuir Accroche une laisse Et s’apprête à le sortir Mais il lape quelques mots Désaltérants dans sa gamelle Fait le gros Et souvent sans rechigner Passe la porte du palier
Le poème tourne en rond Puis se soulage Dans l’herbe bleue du jardin Et remonte aussitôt La besogne faite
Comme il n’a pas de lecteur Pas de public Pas d’auditeur Il vaque à ses méditations Pensif Dépité Songeur Mais il jouit de la chaleur De sa petite maison