Deux verres côte-à-côte En toute intimité Entièrement vidés S'observent en silence Tandis que le vent Vient de se lever Et soulève la nappe Au grand dam de la tablée Quelle indécence
On s'épie du coin de l'œil La gêne comme le sang circule Sans crier gare Et fait rougir les joues Dans la demi-noirceur Du soir
Il se fait tard On a trop bu On nage dans les eaux glauques Des convenances ridicules
Un garçon dénudé Apporte une bouteille De rosé d'Anjou Personne ne paraît L'avoir remarqué Sinon la vieille édentée Qui clame mais en vain Parce qu’elle ne peut plus guère Que marmonner Que les verres même vides Sont bourrés d'innocence Et qu'il n'est pas de table Au monde qui manque De décence
On n'a pas bien saisi Dans l'assemblée ce qu'elle a dit Mais la bougie sous son nez Lui souligne les rides