Pour les sillons qu’il va tracer Pour la semence qu’il va lancer Du geste auguste que l’on sait Le paysan lorgne le ciel Parce qu’il le croit habité Par des anges Puis il se met à prier En remuant un peu les lèvres Quelques pater Quelques ave Voilà que le tour est joué La saison sera bonne La récolte abondante
A cet instant précis Tout de piété saisi Il ne peut se douter Que l’inondation De sa vallée chérie Emportera tout Son blé Sa maison Sa famille
Tandis que le chat Dans un coin de l’étable ronronne Que les enfants jouent Avec sa femme et rient On est encore loin D’entendre retentir le nom Du fleuve comme un cri La Garonne La Garonne Quand elle aura quitté son lit