Giflés par les embruns déferlant du grand large Des hommes du pays, glaneurs de goémon Semblaient naître du vent revenu d’un autre âge Dans les pas des chevaux sur les abers bretons Sous le fardeau poisseux de la moisson marine Par les matins d’hiver au bord de l’océan Au jusant on voyait l’ombre de leurs échines Se mêler aux reflets de l’horizon mouvant Qu’êtes vous devenus paysans de la grève Perdus dans les remous de la modernité ? L’empreinte de vos mains dans ce jour qui s’achève Se mêle en filigrane à l’irréalité Qui se souvient de vous dans ce monde virtuel Mis à part quelques vieux au déclin de leur vie ? La mémoire s’en va sur le flot perpétuel Et dans vos cabanons la table est desservie
Certains soirs quand la vague au rivage se meurt Bercé par le ressac on devine un écho Que le flux enfanté par le silence et l’heure Fait aux goémoniers sur l’image des eaux.