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Giovanni BENINI

Pandemonium en folie 1

Prenez garde pauvres humains, la lune est rousse !
La nuit tout en effroi au cœur de la cambrousse
Va s’accrocher aux comètes échevelées
Qui sifflent dans les vents comme des possédées.

Dans la cité d’Arkham se préparent les noces
De tous les grands déchus, répugnants et atroces
Sous les astres vibrants d’une lueur féroce,
Des chiens squelettiques s'acharnent sur un os.

Et s’avance solennelle l’armée rebelle,
Le mufle flamboyant de haine séculaire,
Baveux, hystérique, chassieux, atrabilaire,
Suant, puant, grognant, infectes gargamelles !

Les loups-garous ouvrent le bal, très excités,
« In cauda venenum* » leur crie un apostat,
Barbier excommunié du puissant Mahomet,
Il tient sous son bras droits la tête d’un prélat.

Les Gorgonnes se tordent devant un miroir
Qui ne reflète rien sinon son désespoir,
Une vestale nue de vertueuse opulence
Poursuit Saint Antoine qui frise, tout en transe.

Sur un pentagramme barbouillé de limaces
Quatre boucs lubriques gambillent un quadrille
Avec ces maritornes aux viles grimaces,
A la peau ulcérée, fendue comme une coquille.

Nosferatu se gausse à gorge déployée
Quand Mina lui présente un cake à gousses d’ail,
Quasimodo a le bourdon et se complait,
Fêlé comme une cloche, il baise l’éventail

Tout griffé des parjures de Lady Mac Beth
Qui crache tout de go quelques tritons visqueux,
Enfourchant des balais, ils ont troqué leur crête
Pour de vilaines sorcières aux yeux fangeux.

Voici Docteur Jeckyll qui, tout embarrassé,
Désire camoufler sa vraie identité
Pour pouvoir voyager en toute liberté
Et enfin se livrer à ses insanités.

Le pauvre roi pécheur dans sa nasse fatale
A recueilli le corps de la douce Ophélie,
Il voudrait lui offrir la coupe du Saint Graal
Mais il ne le peut tant il souffre d’avanie.