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Giovanni BENINI

Le silence des sirènes

Toujours ce doute t’étreindra Ulysse
Quand lié au mât, guettant le supplice,
Tu cru entendre le chant des sirènes ;
Si c’était le râle d’une murène,
Le cri sauvage d’une vague morte,
Les pleurs d’un marin que la houle emporte
Le rire des Dieux au fond des abysses
Ou le désespoir d’être seul, Ulysse ?

Longtemps, tu prétendis les avoir vues
N’était-ce pas des formes inconnues
Que les nuages sculptent à l’aurore,
Que la bise souffle sur les brisants
N’était-ce pas ce puissant égrégore
Qu’un peuple espère depuis longtemps
Ou le désespoir d’être seul, Ulysse ?

Car ce fut là leur plus beau sortilège
Qui sur toi se referma comme un piège,
Toi, le maestro aux mille malices,
Le jongleur rusé aux mille desseins
N’est-ce pas leur silence si hautain
Qui t’a envouté, perfide destin,
Fut-il plus vain ce noble sacrifice
Que le désespoir d’être seul, Ulysse ?

A présent dans ton palais cyclopéen
Les jours s’évaporent en doux parfums,
Pénélope tisse tes rêves d’embruns,
Mais quand ton chien lèche ta plaie ancienne,
Que tu flattes ce fidèle complice,
Au fond de ses yeux vois-tu les sirènes
Ou le désespoir d’être seul, Ulysse ?