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Giovanni BENINI

Allah, larmes etcetera...

Les nations se sont bien souvent bâties
Sur cette double illusion inouïe :
Celle d’avoir un ancêtre commun
Et des ennemis toujours importuns,
Nos vétérans furent-ils ces gaulois ?
Qui avaient la gaule si frénétique
Que les coqs en coqueriquaient pantois ?
Etait-ce ces Celtes énigmatiques,
Nés en Thuringe où fleurit Buchenwald ?
Pourquoi ne pas remonter bien plus haut ,
En ces ères glaciaires sans asphalte
Où quelques singes velus et farauds
Badigeonnaient les parois des cavernes
Rêvant qu’ils seraient plus tard célèbrès
Comme les précurseurs des arts premiers,
Bien souvent imités par nos modernes?

Cessons là cette généalogie,
De peur de croiser les tricératops
Enfourchant leur bécane en trichromie,
Se goinfrant de choucroute et de rollmops
Qui arpentent la Provence hébétée
Au cri raccoleur : « La France au Français ! ».

Demandez aux Capétiens ou Angevins
Qui fut leur ennemi le plus vilain ,
Les Plangenêts, leurs cruels sosies,
Emmêlés dans leur sombre dynastie,
Les Hasbourgs, plus d’une fois leur cousin,
Professionnels de l’hymen consanguin ?
Mais non !Sans doute, vous l’aurez deviné,
Le peuple, lui, sans nationalité !
Parfois Breton et parfois Savoyard,
Parfois Dijonnais, parfois Communard ,
Ce peuple trahi, honni, bafoué,
Domestiqué et tant manipulé.
S’est plus d’une fois révolté en vain,
Et fut massacré par son souverain !
Pour les joyeux fêtards de la Bastille
Dont la prise n’est plus que pacotilles,
Qu’ils se rappellent que tout fut stratégie
Et ne consacra que la bourgeoisie !