Le bonheur
Il est doux mais craintif, ce petit animal
Qui croise parfois nos chemins, fugacement.
Avec prudence il s'approche, l'asocial,
Mais lors que l'on croit enfin pouvoir le saisir,
Nous léguant tristesse et, au cœur, un pincement,
Ce petit diable file, en un clignement d'yeux.
Nous voilà de nouveau perdus, seuls sous les cieux,
Plus encore à notre irrépressible désir.
Ne pas le traquer, ni chercher à attraper
Par la queue ce génie à l'étrange conduite,
Et lorsqu'il revient, car il revient à son heure
Ne plus l'épier pour ne pas lui faire peur.
Cesser de l'attendre mais bien de sa visite
Savoir être à chaque fois étonné, surpris.
Apprendre à s’émerveiller de le retrouver
Au détour d'un bonjour, ou d'un enfant le cri.
Mieux, vivre sa vie, tous ses jours, toutes ses nuits
Et toujours faire ce que l'on croit devoir faire.
Comprendre et ainsi savourer les jours sans pluie.
Cueillir l'amour, les mots, la rose et la bruyère.
Alors, finalement, se rendre compte un jour
Qu'il est là, en nous, mais ne le savions nous pas ?
Nous le savions, bien sûr et ce depuis toujours.
Le trouver là, l'y garder. Là est la demeure
De celui qui sait prendre la place que laisse
Bonne fortune, cette capricieuse déesse,
Chez chacun d'entre nous, l'absence de malheurs.
