En ce grouillant vallon aux méandres grotesques Les émotions et promesses se déversent D'un épais flot, tel menaçante soldatesque, Exténuées, indiscernables et diverses.
Un pic acéré, agressif comme une lame, En garde l'entrée et de ces défuntes âmes Qui cheminent en des nuées assourdissantes, Lacère les blanches ailes agonisantes.
Eau que l'on verse, ces fragiles flammes sombrent Dans le marigot qui les héberge sans nombre. Leurs voiles déchirés se découvrant linceuls, Elles rompent leurs récits, à tout jamais seules.
C'est ici que tout converge, tout s'oblitère. Les mots se délitent en lettres solitaires. Ici que tout se termine, tout se découd, Que les phrases folles ou sages se dénouent.
La nuit s'abat. Elle dévore tous les êtres. Elle paralyse jusqu'au moindre frisson. Les derniers cris se tarissent à l'unisson Dans cet écrasant brouillard qui s'érige en maître.
S'élève le grondement des esprits hurlant En bouquets de cœurs ou monstres terrifiants, Perdus, désemparés... terrifiés eux-mêmes De se voir prisonniers de cet entre-soi-même.
Abandonné, me mêler à l'horrible chant. Hurler mon cœur, crier mes monstres exhumés ! Mais ne suintent de ma bouche que les fumées Aux senteurs âcres d'un feu éteint maintenant. ...
Dès notre arrivée en ce monde, solitaires Perdus, espérant, nous nous savons sursitaires. De peur de trébucher, l'apprenti funambule Scrute sa chute. Regard blanc de somnambule !
Promis au voyage de retour au néant Dont personne ne revient, chacun va créant L’Éden qui lui convient pour tenter de survivre. Rêveries ou chimères qu'il aime poursuivre !
Géhenne ardente, Élysée aérien Et autre Shéol sont plus rassurants que... rien. Ils n'ont pas plus d'existence que la Vouivre ! Gardez-vous qu'ils ne vous interdisent de vivre !