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Gilbert CZULY-MSCZANOWSKI

Emblise

Ne retiendrai-je de toute ma vie
Un seul lieu qu’il m’est donné de nommer paradis ?
Une forêt ou plutôt un bois celui d’Emblise
Où j’exerçais la fonction de châtelain du vent
Mais aussi au bon temps de l’été de celui de la brise
Douce qui caresse le visage des enfants

Autour de cette maison forestière tous les arbres
Nous cachaient des cheminées alignées
Des maisons ouvrières agglutinées
A ces usines du Nord aux toits en zigzag
Grises, huileuses, rugissantes comme les vagues
Cognant des fières falaises de vieux marbre

Les hirondelles hébétées préféraient la tranquillité
De ma grange et la chaleur de la paille
A celle de l’hostile ferraille
Et des flots effrayants de vélos
Surgissant aux heures des chaos
Que sont les sifflets de la liberté

Tout autour champs de betterave, de blé et de pomme de terre
Se mêlaient au décor du bosquet
Et voyaient à la récolte rentrée
La horde des femmes venues glaner
La part du pauvre en usage qui lui était réservée
Lui laissant ainsi la part belle à un avenir moins amer

Quand le soir à la bougie j’apprenais mes leçons
Dehors grands ducs, chouettes et hiboux
Tenaient leurs quotidiennes réunions
Non loin de la fenêtre dans le noir tout au bout
Je voyais des lueurs sur des branches
M’appeler comme si nous étions déjà un dimanche