Tu avais 17 ans, avec nous tu as découvert Royan Tes grands yeux noirs innocents Venaient au monde, écarquillés Au vent de l’Atlantique et de la pluie qui battaient Avec rage des remparts immergés et tant la tempête rageait Que nos appels se perdaient
Quand enfin tu es descendu de ces murs Comme une voile poussée vers la plage Fut un vertige qui nous saisit Un instant de réconfort pur Pour un pilote resté en vie A la sortie d’un mortel virage
Dans le sable tu t’es enterré jusqu’à la taille Et tes deux cousines debout dans tes bras Enlaçaient d’amour, de rires, d’éclats de voix Cet ange surgi d’une comique bataille Tous trois de la même hauteur, aucune différence Il ne s’était rien passé jusque là Le rêve est pour celà Notre remède de préférence
La saison fut pluvieuse comme jamais Une caravane sur un terrain privé Des voisins bruyants sous une grande tente L’homme à l’oeil de verre était morguier Dans un centre hospitalier Pour nous distraire il nous contait De sombres histoires de morts-vivants Qui se réveillaient la nuit Dans le lugubre couloir menant au placard Se pliant soudain sur leur brancard D’avoir été pliés toute leur vie
Et la pluie battait comme jamais En cet été 80 Tu as vu Talmont, un de ces paradis Que rien ne semble avoir dérangé Fleurs à portée de main et de parfums Tu sautais sur les pierres de la vie
Pourquoi es-tu parti, petit ? Jamais tu ne sombreras Chaque jour qui passe nous rappelle Le petit restaurant de la plage, le vent, la pluie Tes yeux illuminés Pour la première et la dernière fois Et nous pleurerons mille fois Pourquoi es-tu parti, petit ?