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Germain GERARD

Opulences

Les traits quelque peu alourdis par l’alcool
Il regarde en direction du large fleuve
Où coulent souples et indolents zincs et cuivres
Inexorablement attirés par le soleil qui se meurt

Orphelin de tant de ressacs anciens
Il s’appuie sans expression sur le visage
A la balustrade de la terrasse maintenant déserte
Et que poisse l’humidité du soir

Il ne connaît toujours pas le nom
De cet oiseau qui laisse choir chaque soir
Un cri pareil à la note la plus grave
Du hautbois ou du basson

Et maintenant que toutes les voix humaines
Se sont tues c’est un autre monde
Qui se lève avec lenteur
Attendant pour vivre enfin
Que le soleil se soit enfoncé
Pour de bon dans le fleuve
Et laisse s’étaler la nuit opulente