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Gérard TROUGNOU

Passe le temps

A
Isabelle Molina ma belle sœur


L’année quatre vingt quinze
S’est écoulée
Comme une monstruosité.
Ah ! Pauvre pêcheur que nous sommes
Et nous restons avec nos pleurs,
Nos prières et nos souvenirs.
Quand dans la nuit
Hurle la chouette,
Nous disons:
Je suis un mort parmi les vivants !...
Quand la musique
Lance ses vibrations sonores,
Nous disons:
Je suis ombre parmi les ombres !...

Les rues se sont tues,
L’hiver voit des êtres
Qui se meurent
En étendant ses tentacules
De givres qui glacent les os.
Indifférence, intolérance,
Je passe et ne vois ces corps
Qui demain seront l’humus.
Poussière je suis et poussière
Je retournerai
Dans l’incommensurable espace.
Quêtant l’impossible,
L’irraisonné afin de devenir
Une mémoire dans la mémoire
Car je ne suis rien.
L’astre à tourner cent fois
Sur lui même et la cohorte joyeuse
Des cars touristiques envahis les rues.
L’été est là qui nous rappelle
Au bon souvenir des jours passés.
Paris se videra à nouveau
Et les cartes postales
Se jauniront mais dans les cœurs
Il se trouvera gravé
À jamais des instants intenses.
Quand la lune cent fois
Se sera couchée,
Le regard dans les étoiles
Je verrais le silence,
J’entendrais les couleurs
Et ô mon âme tu sonderas l’infini
Car du haut des cieux
Rien n’est jamais fini.

De ma besace je tirerais
L’or fin que je répandrais
Sur la terre pour qu’elle apporte
La paix en l’âme des Hommes.