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Gabriel FRANCESCHINI

Femme de cinquante ans.



Tout doucement le temps dessine sur ta peau
L’empreinte de ses pas, piétinant, sans pudeur
Les fleurs de ton jardin, à changer tes appeaux
En de vagues pipeaux pleins de sons de fadeur.

Tu regardes aujourd’hui avec étonnement
Les yeux qui hier encore embrasaient de leurs feux
Les noues de tout ton toi, et pas un seul moment,
Là du haut de ton toit, tu en perçois le jeu.

Et quand un beau matin, lâché par ton destin
Tu te retrouves seule avec deux oreillers,
Tu parfumes tes bouts d’un peu de chicotin,
Te noyant dans l’amer, sans plus t’émerveiller.

Derrière tes vers noirs, tu peins ta vie en gris,
Eteignant une à une les bougies de ton cœur,
Le plongeant au néant des souvenirs aigris
Qui donnent à ton présent des odeurs de rancœur .

Tu ne vois plus des jours, les chemins de l’amour,
Tu n’entends plus du vent la beauté de ses chants
Et tu crois que le ciel t’a fermé pour toujours
Les portes du désir et celle de ses champs.

Tu maudis le soleil, les disant tous pareils,
Tu jures au grand jamais, qu’on ne t’y prendra plus,
Mais le soir tu t’endors, espérant le réveil
De ce que tu aimais et qui t’avait tant plu.

Femme de cinquante ans, là au bord du chemin,
Tu n’es là qu’à la fin de la première manche,
Vois tu ce que des mains, pourraient là dés demain
Te faire découvrir rien qu’en touchant tes hanches.

Alors cesse tes pleurs, au cadran revois l’heure
Et mets un peu de bleu sur l’ombre de tes yeux,
Allume dans leur fond quelques belles lueurs,
Du côté de nos âmes, on est jamais trop vieux !

Moietmoi août 2010