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Francis LEDER

Le paysan, le sage et la vache

Le pauvre père d’une nombreuse famille
Habitait avec sa femme et ses huit enfants,
Précisément quatre garçons et quatre filles,
Dans une maisonnette à l’inconfort patent.

Pas assez de chambres, et toutes trop petites,
Point de salle de bains, juste une salle d’eau
La cuisine exigüe : un feu d’une marmite
Sur un poêle sans âge et qui n’est pas très chaud.

Il alla consulter le sage du village
Pour qu’il l’aide à trouver une vraie solution
À ce grave souci, car l’expérience et l’âge
Sont source de bon sens et voire d’intuition.

- Dans ton petit jardin, tu as bien une vache ?
Ne crois-tu qu’elle ait froid, de minuit jusqu’au jour ?
Ma recommandation : le soir, tu la détaches
Et tu la prends chez toi, la nuit, dans ton séjour. »

- La vache, à l’intérieur ? Mais je n’ai pas la place ! »
- Tu voulais mon conseil, fais donc ce que je dis,
Tu verras bien que mon idée est efficace.
Et reviens me voir, dans deux semaines, mardi. »

L’homme s’en alla sans oser le contredire.
Chez lui, il réunit sa femme et ses enfants,
Leur expliqua que la vie serait un peu pire
Mais que le vieux sage devait avoir un plan.

Ce qui fut dit fut fait. Deux semaines passèrent,
Et puis il retourna chez le vieux conseiller
Dans l’espoir qu’il décrète la fin du calvaire.
- Alors ? Comment ça va ? Tout s’est-il bien passé ? »

- Voulez-vous plaisanter ? C’était insupportable !
D’abord l’encombrement, ensuite, les odeurs… »
- Parfait, lui dit le vieux, dès lors, sois raisonnable,
Remets-la donc dehors, et viens dans vingt-quatre heures. »

L’homme fut soulagé de ressortir la bête,
Et quand il retourna chez le vieux au matin
Il affichait un sourire de jour de fête !
Le sage demanda, l’œil rieur, l’air malin :

- Ce matin ton logis n’est-il pas agréable ? »
- Si fait, assurément !... Et sans être parfait,
J’y suis plus à mon aise, il ne sent plus l’étable ! »
- Eh bien voilà, dit-il, regagne ton palais ! »