Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Francis LEDER

Le carrosse et le moulin à vent

Un riche et beau carrosse allait sur un chemin.
Sur le bord de sa route, il croisa un moulin :
- Holà, bien le bonjour, misérable bâtisse »
Cria-t-il au moulin tendu par mille drisses,
- Misérable ? Et pourquoi ?, dit le moulin à vent,
Votre ton est méchant et bien plus qu’offensant ! »
- Enfin, mon bon ami, voyez comme je brille,
Je suis de soie et d’or, et tout en moi scintille ;
Vous êtes tout terreux, grisâtre et poussiéreux ;
Votre maître est manant, le mien majestueux !
Je suis quasiment noble et vous êtes immonde :
Nous n’appartenons pas, je crois, au même monde.
- Vous vous trompez, ami, nous sommes matériels
Vous et moi, tout pareil ! Votre rêve irréel
De voir sur vous tomber un peu de la noblesse
D’un maître qui ne vous confie que sa paresse
Confine à la sottise ! Prenez donc mon avis :
Il ne nous reste rien de ceux qu’on a servis !
Par ailleurs écoutez : on brille de l’usage
Par lequel nous servons, que nos maîtres soient sages
Ou complètement fous, voilà ce que je dis.
Si l’on porte à la bouche, après l’avoir béni,
Le fruit de mon travail que je fais dans la peine,
Je vois que votre cas n’est pas si belle aubaine
Car tous vos passagers, pensez-y maintenant,
N’assoient sur vos coussins rien plus que leurs séants ! »