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Fabrice MEUTER

Souvenirs

Souvient-toi mon ami, ou des soirées durant,
On abordait la nuit en oubliant le temps,
On pleurait de bonheur, on riait en sachant
Que cela ne demeure que souvenirs d’enfants.

Ne laissons repartir cette vague lyrique
Vers un sombre dédain de l’amère sagesse,
Vers le fruit anodin d’éternelle angélique,
Là où fuit le sourire et où les rêves cessent !

Je n’oublierai pas tous ces regards croisés :
Du parfait inconnu à ma sœur adorée,
De la première fois où tu m’as emmené,
Séraphin assidu, pour m’apprendre à aimer !

Il revient quelque fois mon tout premier amour,
Quand mon cœur s’insurgeait dans la tendre jeunesse,
Ecoutant cette voix qui chantaient les beaux jours :
« Mon âme c’est l’attrait de la douce tendresse. »

Ces souvenirs d’antan, quelque fois unanimes,
Me rappellent souvent que tous les deux nous fîmes
Amoureux librement dans ces moments intimes
Qui jusqu’à maintenant ont sombré dans l’abîme.


Ne voyant que mes larmes accuser mon esprit,
De n’avoir pas pu faire de mon cœur attendri
Un tombeau pour les armes haletantes du cœur,
Que ces filles aux enfers piétinaient sans un pleur !

Tous ces instants de joie gravés dans ma mémoire
Attachés aux amis et aux pieux rêves blancs,
Ne me quitteront pas et s’ils se font si rares,
Ils ne sont que ma vie balayée par le temps.

Voilà tout ce qu’il reste à ma triste existence,
Tout ce que j’ai bâti, tout ce qu’un homme sème,
Est parti et m’atteste assaillant mes souffrances
D’avoir volé et pris un morceau de moi-même !

Le matin de ma vie fut très ensoleillé ;
Et quand vint le midi, un brouillard s’est levé ;
Le zénith affaibli, je me suis reposé ;
Et quand parut la nuit, mes yeux se sont fermés.