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Etienne CHAMPOLLION

Les solitudes acides


Les fleuves passeront dix mille fois encore
Les trains rouleront tous à taire le sanglot
Et moi seul devant l'aube écorchée et sans mot
Je me cacherai froid de la nuit qu'elle odore. .

Les mois de juin seront de grands champs asséchés,
La chair de nos vergers mastiquée en silence,
Dans la lente agonie et le poids de la lance
Que les destins cruels vous portent attachés !

Quand on a tout perdu, et la mort et le rêve
Que les routes vous sont d'éternelles rondeurs
Que vous ne savez plus le parfum des ardeurs,
Qu'il n'est plus de beauté à marcher sur la grève.

C'est bien seul que l'on aime et seul que l'on se perd,
Quelles flammes d'aimer, quelle gerce de perdre,
Gerçures en éclats et feux flottant sur l'Erdre ;
Dans l'odorat splénique et premier nombre impair.

Explosent à midi d'acides solitudes,
Dans le bleu décollé, dans le crâne fuyant
Qui effraye la tombe et s'en vont alliant
La peine et la tiédeur dans de longues études.