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Etienne CHAMPOLLION

Les pensées lointaines

C’est loin de vous madame et proches des prisons,
Que j’aimai contempler des blessures secrètes
Que vous dûtes oublier depuis quelques saisons
Depuis quelques Amours de sources indiscrètes.

Ces temps étaient si bons que je ne danse plus,
Ou bien les mêmes pas sous ces douces alarmes
Que je connais par cœur, soyez en sur en plus
D’avoir tout englouti le moindre de vos charmes.

Il m’arriva souvent de pleurer de bon cœur,
Silencieux aux travers des lumières de fête,
Abandonné toujours dans l’unique langueur
De n’avoir eu que vous et que vous dans ma tête.

Bon toujours à chercher dans la foule le deuil
Je vous avoue il n’est pas plus grande détresse
Que de vouloir rêver sans atteindre le seuil
Vous madame si loin de mes larmes en laisse.

Et je marchais pareil à tous les gens passant
J’allais aux mêmes trains, prenais les mêmes villes
Mêmes baisers pourris au sommeil caressant
Quelque part prés de moi treize roses séniles.

Si Heureux de vous croire au plus loin de mes pas,
Satisfait sans pareil de mes longues fatigues,
J’exaltai de n’avoir quelque fois pas repas
Sachant de mon chagrin arracher milles figues.

C’est tant que je vous plains de ne plus m’adorer,
Moi qui connais dés lors des forets embrasées
De givres. Voyez-vous mes nuits implorer
Le vacarme et le froid de tiédeurs aiguisées.

Et loin de vous madame, étrangement muet,
Jouissant parmi le vide, étranglant les Atrides
Un cri se posera éternel et fluet
- Je vous Aime madame en des tombes sordides !