Combien d'enfants encore iront mander la poudre Sur des tombeaux en terre à leurs pères défunts, Et prendront le fusil comme seul dé à coudre, A tisser une guerre aux puérils parfums.
Combien d'enfants encore iront cueillir des armes, Au jardin du combat où leurs pères diront : "Prend cela c'est la fleur qui efface les larmes", Confondant sangs et pleurs ils les aiguiseront.
Combien d'enfants encore iront graver les marbres, Des prénoms de leur sœurs, de leurs frères, parents... Au lieu d'aller graver dans l'écorce des arbres, L'innocence d'un cœur aux bonheurs apparents.
Combien d'enfants encore iront marcher les plaines, Déguisés en soldats se trompant de destin, Et embrassant la mort ne perdant leurs haleines, Que le jour où la leur vienne sonner matin.
Nul amour, nulle fleur, mais une chevrotine, Combien d’enfants encor l’auront au fond du cœur ; D’un théâtre sanglant à la mort libertine, Combien d’enfants encore iront s’y faire acteur.
