Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Etienne CHAMPOLLION

Les Adieux

Ô Amants miséreux, entendez-vous que sonnent,
Les trompettes de Waterloo,
En nos cœurs fatigués où les Adieux bourdonnent
Dans de vieux restes du sanglot.

Sentez-vous loin et las la puanteur des villes
Etreindre les rêves trop bleus,
Que déjà des tambours aveugles et séniles,
Frappent des parfums malheureux.

C’est un champ de bataille où dorment en cadavre,
La fougue et le regret. En deuil
Nous marchons à genoux vers notre unique havre,
Toutes et tous pris de cercueil.

Le Poète est en transe et l’Aube en infortune,
Pendant qu’au loin quelques veilleurs,
Annoncent en voyants une prochaine dune,
Peinte de froids et de frayeurs.

Nous avançons ainsi, les lèvres ennuyées,
Savants d’Eros, de ses cités ;
Bientôt un long silence en nos flammes broyées,
Pleuvra sur nos sombres clartés.

Ô charmes vénéneux qui ne savent plus être,
Ô léthargique perfusion,
Cessez votre travail, ne faites plus un mètre,
Soyons purs à l’extrême onction.

Comme des soirs trop chauds, comme des nuits trop lasses
Nos mains dessinent au piano,
Le chagrin moribond sur de mauves parnasses,
Un nocturne tiède et mono.

Ô Amants miséreux, toute Passion s’égare ;
Les trompettes de Waterloo
Pleureront sans relâche au premier quai de gare
Tous les Adieux, tout le Sanglot.