Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Etienne CHAMPOLLION

La montagne

Tout poète a son nid et j’ai moi les sommets,
Aux glaciers frissonnant la candeur belle alpine ;
Les versant infernaux où s’éclot l’aubépine,
Leurs sources de vigueur jaillissant à jamais !

Voyez les blancs torrents pareils aux longs sanglots,
Ces forets aux reflets de la somptueuse Diane,
Ces rayons lumineux comme filet d’Ariane,
Tissant parmi les monts de merveilleux enclos.

Passé les fleurs rampant à la peau des versants,
Naît une profondeur de l’esprit et du rêve,
Inspirant aux démons une incroyable trêve ;
Tout au long des ruisseaux les amours sont berçants.

Il est des rochers vifs comme drapés d’argent,
Là où l’aigle se plait à dompter la vallée ;
Les vents coiffant les pics tout pénétrant l’allée
Des cieux confidents à l’orage rageant.

Aux portes du divin, antichambre des Dieux
La nature ici-haut exulte sa puissance,
La splendeur elle-même y a fait sa naissance,
Et l’homme découvert le secret du radieux.

La foudre s’y fracasse en de lointains échos,
Des gouffres infinis jusqu’aux cimes de marbre,
Là où tout se résigne, Adieu rose et arbre !
Là n’est que le néant, le beau ou le chaos.

J’y ai trouvé mon âme et ma félicité,
Depuis toujours mon cœur s’y perd et s’y promène,
C’est ici mon berceau, ma maison, mon noumène,
Quand la grandeur se mêle à la mysticité !

C’est là le numineux et je rêve souvent,
A faire mon tombeau au creux de sa verdure ;
Magnifique et profond le silence y perdure
Oui montagne je t’aime ! Ô mon plus beau couvent !