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Etienne CHAMPOLLION

La Chute : Romance ( debut )

Nous marchions l’un et l’autre aux abords des falaises,
Mirant au contrebas de superbes fournaises
Explosantes d’alcool, de lumière et de bruits,
Ainsi nous divaguions aux aubes de nos nuits.
Le temps avait pour nous laisser quelques secondes
En suspend, nous allions enlacer de fécondes
Ivresses où les cieux embrassent les enfers.
C’était mois de décembre et les flocons offerts
Fondaient à notre lèvre éveillée au plus clair
De mon rêve latent au parvis de ma chair.

Et nous avons marché de longs cercles d’horloge,
Nous avons combattu le froid qui interroge,
Comme parfois la mort demande à son patient,
« veux tu de moi très cher ? de mon rouge cyan
Je t’emmène sans pleur au-delà de la terre
Où tes masses sanglots sont admis à se taire »
Ainsi oui nous pleurions les gouffres qu’autrefois
Nous mirions à sourire, Ô oui combien de fois
A-t-on rit de ces feux aux brasiers en larmes.
Ma chère ce combat fit parti de nos charmes
Comme l’épine un temps va protéger la fleur,
Et donner de sa pluie une tendre couleur.
Des ruisseaux ils étaient, des torrents de fortune
Que nous aimions souvent à peindre sous la lune.
La Lune cette belle, un mystère plus tard,
Je la redécouvris sur tes seins œuvres d’art
Rayonnant de blancheur, de fraîcheur à cette heure
Où ma main de quinze ans sous un ciel qui pleure
Moula tendres et bon, je m’en souviens par cœur,
Dans ma tête trônait un vieux parfum vainqueur.
Nous eûmes donc juillet aux plus belles fragrances,
Dans nos nus s’inventaient de légères outrances,
Il n’était plus un mot, il n’était plus un bruit,
Rien que mon œil éclot à votre intime fruit
Que la jeunesse n’a pas dévorer, à peine,
Comprenez à présent ma plus vilaine peine…

Mais les chaleurs d’étés se vautrent à l’Ennui,
Nous l’avons bien compris, chaque fois à minuit,
Un nouveau jour pédant de timides nocturnes
Raturés au piano, chaque aurore les urnes
Se remplissaient de peur, de silence et d’adieu,
Mon âme se traînante à demander à dieu
La rémission cruelle et l’excuse en folie…
…Il ne lui donna tôt que la mélancolie.

Ainsi pauvres et seuls au fin fond de l’été
Ainsi la tête basse et l’amour entêté,
Nous marchions en sanglots vers des odeurs connues,
Où les roses en deuil montrent fleurs toutes nues.