Peut-être au fond d’un coffre épris de feuilles mortes, Latent sous un tapis tissé d’un brin d’un ennui ; Dans un bien vieux grenier entrouvrant les deux portes, D’une armoire grinçante au bois sonnant la nuit…
Peut-être par hasard, en haut d’une étagère, Guidé par de piteux et silencieux parfums, Perdu depuis longtemps dans la brume légère Du temps, vilain ruisseau qui fait ces vers défunts…
Peut-être recueilli auprès de vives flammes, Sauvé du brasier où se cendrent les mots… Qu’importe te voilà, les yeux comme deux lames, Ton regard s’épanchant sur mes vers animaux.
Tranche-les sans pitié si aux soirs ils dégagent De leur corps un ennui bien plus froid que la mort, Si leurs couleurs ne sont à ton œil que bagages, Rempli de ma bêtise à son noir le plus fort.
Mais enfin, si au creux d’une simple lecture, Mes lettres d’un élan viennent toucher ta nuit ; Si de mes mots ton cœur s’en fait l’architecture, Je t’invite à t’y perdre, à t’y noyer sans bruit.
