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Etienne CHAMPOLLION

A une catin

Vous souvenez vous donc, une heure à votre chambre,
Chaude des nuits d'été vous épousiez le soir,
Ma lèvre allait sans bruit sur la votre s'asseoir
Comme on pose mystique une gerbe. Septembre
Nous guettait tôt déjà de son grand encensoir.

Savez vous que l'automne enferme bien des astres,
Il faut avoir patience, écouter son matin,
J’y retrouve toujours notre baiser latin
Que même tous les rois remplis de mille piastres
Ne sauraient acheter - O ma belle catin !

Nous eûmes bien des nuits où le désir en maître,
Inspirait à mon vers le silence total,
C'est que dans ces douceurs et le parfum fatal
L'on ne sait plus penser - dans les cieux l'on peut paître
Et croire de vos cris frissonner le cristal.

L’été là consumait ses dernières flammes,
Votre peau mandait l’eau et la mienne du vin,
Que vous étiez pourtant sans le savoir en vain,
Comme l’Amour ignore et le temps et les blâmes
Du lendemain perdu que l’on rêve divin.

Devant moi méditant vos nuits entachées
Vous éteignez vos bas comme on éteint le jour,
La lumière pleuvait à travers l’abat-jour,
( Le secret a parfois des puissances cachées )
Votre œil honteux fermé en volet du séjour.

M’envahissent sans fin les galbes de vos hanches,
Comme furent tantôt l'ivresse des décors
En vos yeux rejouant d'ingénus désaccords.
Vous étiez une enfant... . Aux gris de longs dimanches
Le Souvenir a plus de prix que votre corps.