La jeune fille du Lac
Dans la brume du matin flotte une personne,
Son reflet anime la berge scintillante,
Et, avec une douce grâce qui étonne,
Se saisit de la vague glacé d'eau brillante,
D'abord morne, elle joue et l'entraîne bien loin,
Sur des virages serrés fuyant le rivage,
Ni bien ni mal n'est reflété sur son visage,
Tranquille sur l'eau douce, elle passe les âges,
La vague devient fleuve, la fille, elle, devient femme,
Et tous les affluents arrivent vers la belle,
Courtisé de la sorte, elle ne fait la rebelle,
Et devant l'homme qui l'escorte, devient dame,
De son point, partent une pluie de doux fleuves d'or,
Qui s'en vinrent conter l'histoire du cœur pur,
Ne se souciant guère des apparences dures,
La dame devient mère, et sur son sein s'endort,
Le plus beau des enfants qui rêve de l'azur.
Les autres fleuves la jalousent, elle est blessée,
Rien ne la réconforte hormis son bel enfant,
Le soleil qui passait par là en fut choqué,
De voir cette belle dame assise en pleurant,
"Que se passe-t-il donc qui vous chagrine tant ?"
"Mon beau soleil, ces dames se moquent de moi."
"Est-ce donc cette jalousie qui vous émoi ?"
"Je n'ai pourtant qu'afficher mon bonheur latent!"
La femme se faisant une noble raison,
Ne put voir la cascade,
Vieille et décrépie, une issue sans dérobade,
Se tint devant la femme,
Tristement aveuglée, la jeune fille sans âme,
Sauta dans ce qui fut sa dernière maison.
Éphémère.
