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Edmond MARIJON

Le pays

J'ai quitté un pays aux montagnes si belles
Qui barrent l'horizon de courbes éternelles
Sous le ciel de juillet qui a tout embrumé
Sur leurs flancs apaisés glissant vers la vallée.
Mes plus jeunes années, là se sont écoulées.
Pays de souvenirs, pays de mes ancêtres,
Pays de mes amours, pays de ma jeunesse,
J'ai quitté un pays.
J’ai connu un pays où l’on brûle la plaine
Quand la moisson finie, pour retourner la terre,
Le chaume a tout noirci, et même l’horizon
Qui semble suffoquer, noyé dans la fumée,
Sous le ciel de l’été où tout est étouffé.
Regarde et tu verras ces grands vols de corbeaux
Décrire de grands cercles et te tourner le dos.
J’ai connu un pays.
C’est mon cœur qui est là-bas, toujours il est resté
Du printemps sur son front, il a sus se parer :
Ses bruyères en fleurs, ses genêts en bouquets,
Ses sentiers ombragés, ses ruisseaux mordorés,
Ses étés surchauffés mais toujours recherchés,
Ses automnes rouillés et ses hivers givrés.
Tu es depuis toujours aimé et envié.
J’ai quitté mon pays
J’ai connu un pays où la plaine sans fin
S’étire à l’horizon, et s’y confond enfin.
Les arbres ont disparu ; il ne reste plus rien ;
Simplement un sillon que le printemps recouvre
D’une verte toison que l’été va découdre ;
Et, sous un ciel si lourd qu’il s‘écrase au loin
L’automne va venir, et le brouillard sans fin.
J’ai connu un pays
C’est sous ce ciel si pur et dans la nuit bleutée
Que les gens de là-bas, les amis, la famille
Autour du feu le soir racontent le pays.
Braises du souvenir qui rougissent la grille
Où brûle la mémoire d’une moitié de vie
C’est tout cela, c’est sûr, que l’on nomme racines
Qui vous chauffe le cœur et qui vous enracine.
Et je sais maintenant ce que c’est le PAYS.