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Dominique SIMONET

A Brassens

Une fière moustache et des yeux libertins,
La main courant, agile, aux cordes de guitare,
Tu chantais les amours, les curés, les putains,
Acerbe poésie au venin et curare.

Tu aimais tous les grands, Villon, Fort et Hugo,
Faisais d'un banc public la chanson la plus tendre,
Tu chassais papillons ou pleurais sur Margot,
Retenant un jupon qui passait sans t'attendre.

De beaux lilas fleuris dans le bois de ton coeur,
Le paradis, pour toi, c'était un parapluie,
Marguerite, le vin et puis le fossoyeur,
L'orage, le beau temps et la misogynie.

Tu regardais Vénus, Saturne et le grand Pan,
Et se mirant dans l'eau de la claire fontaine,
Tous les cocus errants, la traîtresse et l'amant,
Le joyeux pornographe et l'âme de Verlaine.

Te faisant tout petit, d'un air embarrassé,
Tu jouais à Noël pour la petite fille.
La Jeanne ou la Fernande, un coeur seul embrassé,
N'ont jamais oublié le chêne et le gorille.

Bonhomme, tu vivais auprès de tes amis,
Et trompettes sonnaient, fruits de la renommée,
Amours, neiges d'antan, verger du roi Louis,
Moyen-âge doré, tes images aimées.

Il t'a suffi, un jour, de bien passer le pont
Sur un petit cheval qui avait du courage,
Tu erres au chemin de tes quatre chansons,
En ronde des jurons, d'anarchie et de rage.

Reposant à jamais et surveillant la mer,
Sous le soleil tu vis belle mort en vacances.
Fredonnant tes refrains, au ciel ou en enfer,
Tu attends, chaque jour, les copains en partance !