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Damien BOUTHORS

Renouveau

Mentir aux autres et à soi-même,
Amère est sa vision de l’espèce humaine,
Effrontément tricher sans gêne,
Sur ce chemin, encore, il l’emmène.

L’innocence comme une réminiscence,
En cette nuit du partage des sens,
Ne lui reste que cette immonde absence,
De l’âme perdue dans un abîme immense.

De cet amour il ne saurait être esclave,
N’y voyant qu’un fardeau, une entrave.
Sa passion veut tant d’autres rivages,
Puisque son cœur n’est qu’une épave.

Son éloquence débite toutes les excuses,
Pour inlassablement la rendre confuse,
Alors de tous les maux voilà qu’elle l’accuse,
Mais de son seul mépris, il les récuse.

Quittant cet antre sous les huées,
Il presse ses pas sur les pavés,
Indifférent à la foule en nuées,
Se félicitant de l’avoir abusée.

Ce pauvre être à l’esprit déloyal,
Agissant non pour le bien mais pour le mal,
Comme une parfaite incarnation du Diable,
Désormais prend le chemin des Halles.

Le marché est noyé du flot des badauds.
Mais, inconscient de cette vie en cadeau,
Il se faufile sur son terne radeau,
Avec son égoïsme pour seul credo.

Son attention se porte alors subitement
Sur la minuscule forme d’une enfant,
Genoux à terre, posture de mendiant,
Tous, du regard, l’évitent soigneusement.

La jouvencelle est figée d’un air hagard,
Les joues creuses et le visage blafard,
Implorant ne serait-ce qu’un égard,
Mais autour d’elle n’y voit que des couards.

Ainsi s’émeut-il de la pauvre mine
Touchante de l’innocente gamine,
De ce regard bleu qui crie famine,
Pour elle, une autre vie, il imagine.

Alors prestement se lève la fillette,
Visiblement lassée de sa diète,
Pour se nourrir, voler, elle s’apprête,
Mais un homme l’arrête de sa main leste.

Il se trouve être un agent en uniforme,
Qui de dessous un arbre épiait la môme.
Il accuse la petite d’appartenir aux Roms,
Qu’elle et les siens sont moins que des hommes.