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Cypora SEBAGH

Le paysan

Je me souviens de lui comme si c’était hier,
Son visage cuivré sillonné par les ans,
La pipe qu’il fumait dans un nuage blanc,
Comme de sa charrue qui labourait la terre.

Les pieds dans les sabots depuis l’aube à la nuit,
Faut tirer l’eau du puits, abreuver les chevaux,
A la tombée du jour, ramener le troupeau,
Un labeur harassant : voilà toute sa vie !

La traite des brebis une heure avant l’aurore,
Porter le lait, les œufs, au village voisin,
Jeter le bois au four et la pâte au pétrin,
Epier la basse-cour : les poussins vont éclore !

Je me souviens encor de la forge brûlante,
L’enclume résonnait sous les coups de marteau,
Une bête attendait qu’on lui ferre un sabot,
Ses naseaux exhalaient une haleine fumante.

Je me souviens, aussi, de la paille et du foin,
De la soupe avalée sur le coin d’une table,
Chaque mot, chaque pas, et voici qu’à l’étable,
Une vache vêlait, le soleil pour témoin.

Quand l’hiver se prolonge en frissons obstinés,
Quand la bise rugit, que la neige s’étend,
Dans la brume glacée, il lui fallait, pourtant,
Se lever, commencer une dure journée.

Son labeur accompli, l’antique paysan,
S’endormait, apaisé par la chaleur de l’âtre,
Bercé, lancinement, par la pipo du pâtre,
Tandis que s’infiltrait un silence pesant.

La messe du dimanche, unique passe-temps,
Où il pouvait, enfin, sous la voûte de bois,
Somnoler, doucement, à l’ombre de la croix,
Tandis que s’élevaient les prières, les chants.