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Clément COVELIERS

Aux lèvres de mon Dieu

Mes yeux goûtent l’amer des vastes étendues
Aux plaines très venteuses d’un firmament nu
Faite d’astres de fer et de glaciers d’ivoire,
D’absentes nébuleuses dans l’éclat du soir


À travers les noirceurs bondissantes des eaux
Spatiales qui embrassent des amas livides,
Les fins brûlent l’espace du feu d’un cerceau,
Qui renaissent, rêveurs, dans l’étreinte du vide,


On voit même bondir des anges moribonds
Aux fronts tâchés de tourbe d’espace souillé
Qui boivent sans faiblir dans des tonneaux percés
La liqueur des trous noirs d’où saigne l’horizon


C’est une étrange vie, et le ciel est abscons
Trop plein d’étoiles mornes, grands yeux pourrissants
Dans le sein rabougri d’un Dieu ou d’un démon
Et mes rêves s’endorment dans ses draps de sang


Mais tu les as rejoints trop vite ces brasiers
Colossaux et sans fin qui barbouillent l’été
J’aurais voulu encore être dans tes cheveux
Comme un ange qui dort aux lèvres de son Dieu


J’aurais voulu peut-être te dire combien
J’aimais ce que nos êtres s’enivraient de rien
Et ne pensaient alors à nulle voie lactée
Et puis te dire encore, Ô combien je t’aimais


J’ai laissé dans tes yeux une aimante névrose
Un souvenir heureux de pontons et de prose
Pardonner aux nuages l’imposture abstraite
De leur triste corsage où repose ta tête.