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Christian CALLY

Réflexions Crépusculaires

Je regarde la mer embraser la nature,
Elle étale ses feux, au loin, à l’horizon,
Qui sombrent lentement, jusqu’au dernier tison ;
Le crépuscule étend sa grande voile obscure,
Qui recouvre les cieux d’un sombre capuchon.

Je vois les feux d’argent des vagues écumantes,
Qui viennent s’échouer sur mon triste rocher,
Chaque vague s’approche et veut me reprocher,
Une vie attelée à des pages dormantes,
Avec des souvenirs que j’aimerai cocher.

Et comme le penseur de Rodin, je contemple,
Ces flots qui lentement s’essoufflent en mourant,
Balayant les galets, tout en se retirant,
Avec un cliquetis, qui s’annonce plus ample,
Quand la marée étend son bras belligérant.

Assis, ici, tout seul avec ma solitude,
Un grand kaleïdoscope envahit mon esprit,
Je revois mon passé qui comme un manuscrit,
S’ouvre devant mes yeux, avec mansuétude,
Et relache un torrent que j’ai, pourtant, proscrit.

Perché sur ce rocher, un vent soudain se lève,
La houle enfle les flots qui se font ménaçants,
Et roulent au galop, de plus en plus pressants,
Pour venir s’échouer, en trombe, sur la grêve ;
Les embruns et le froid s’avancent mugissants.

Je descends, lentement, du haut du promontoire,
Comme cette marée, assaillant les galets,
Mes souvenirs aussi, comme des feux-follets,
Déferlent au présent, du fond de ma mémoire,
Pour venir s’échouer comme des mascarets.

Une vie, un trajet, un passage éphémère,
Qui s’achève en sourdine, après mes longs labours,
Sans amis pour m’aider à clore mon parcours,
De l’aube au crépuscule une salive amère,
Me rend indifférent au passage des jours.

J’ai parcouru pourtant, une longue existence,
Mon aveugle moteur était l’ambition,
Car j’avais pris, très tôt, la résolution,
Que rien sur mon chemin, d’une carrière intense,
Ne viendrait arrêter ma progression.

J’étais comme la vague, écumant vers la rive,
Inexorablement, fauchant sur mon chemin,
Tout écueil qui pourrait menacer le destin,
Que je m’étais promis comme prérogative,
Mais qui me laisse seul, avec mon gros chagrin.

Je regarde la mer embraser la nature,
Et je vois mes reflets, comme dans un miroir,
Nous avons, tous les deux, pour venir nous échoir
Au pied de ce rocher, tenter une aventure,
Qui nous a essoufflé, nous laissant peu d'espoir.