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Christèle VALLIENNE

Géodésie


Tête amovible ! Pôle nord au sud
De mon cœur fort de continents
Indiscernables. Sang dune ourlant
Ma chair refroidie à tant se gémir…
Qui donc dit que l’axe du cœur
Entrecroise toujours celle du sort ?
Ni père ni ventre ni le haut mat
Penchés de certains bateaux
Déjà parti de ports trop lointains,
Car d’une rue fière sans route
En déroute sur mon tracé secret,
Je vais et ne pars point vraiment
Jamais. Haut le coeur oh ! ma tête
A rebours du non sens et courent
Et courent mes pensées si folles,
Mappemonde après ronde criant
Ce méridien que je voudrais destin.
Mais les méandres trop intérieurs
De mon esprit n’en finissent pas
De me contraindre à vite écrire
Et encore et encore cette course
Immobile sur une mer étrange,
Sans vagues ni tempête fragile
Avec le bleu bluz d’un mirage
Sur les rivages de votre voyage
Inédit. Enfin où me guette donc
Le bord de mon univers esseulé ?
Derrière votre horizon fossoyeur !
Où me survivre serait y entretenir
En novice d’improbables saveurs
Dont on m’abandonnerait l’ivresse
Ainsi qu’à confesse, mon genou
Sur vos tripes retroussées comme
Une paire de chaussettes usées
Jusqu’à la trame d’un trop peu
D’âme ! Parce que la mienne non
N’a besoin ni de croix ni d’oraison
Pour croire à ce que l’on dit folie ;
Mon imagination si folle affranchie
Qui ne sert à rien dont on se méfie :
« Monde las grâce ! Tu n’es pas celui
Seulement d’ici ! Notre Voie Lactée
Si belle belle et vive Salomé soit-elle
A nous séduire, courir, toujours s’étirer
Sans jamais nous tendre enfin le feu
Brumeux de sa connaissance infidèle,
Se fendra bien un jour certain du désir
De se donner toute entière et chaude
Encore du premier jaillissement secret
De sa fécondité ! Mais monde sas hélas ! »
Sa porte n’est pas celle de ma maison.
Ouvrira-t-elle alors un jour mon esprit ?
Pourquoi mon cerveau oh ce fardeau
Né à l’aube d’un seul début d’étincelle
Autant et oui que votre propre cervelle,
N’aurait-il pas le don de quitter ce ciel,
Ecrire le premier tome d’un tout nouvel
Atome dont on serait l’électron suprême ?
Je vous suis faite du feu sacré des étoiles,