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Chris VIC

Deuil

C’est étrange ce froid, cette absence
Ce vide d’émotions
Quand on aime de loin en loin
Qu’on s’éloigne de plus en plus
Comme cette voile, là-bas, distante
Papillon blanc sur la ligne d’oraison.
Le silence est venu, descendu, posé sur moi
Comme la mantille d’une veuve noire
Dentelle arachnéenne,
Collante soie dont je ne me débarrasse pas
Et les chants qui me viennent, ne sont que des nénies.
A Dieu. J’ai couru si fort pour marcher à ton pas
Buvant chaque mot de ta bouche
Ainsi que le nectar coulant d’un prométhée
D’ailleurs je t’ai souvent bouffé la foi
Emerveillée, voyant ma clé en toi.
Mais tu ne l’étais pas, non, tu ne l’étais pas.
Je redeviens passante, ni plus ni moins
Là et ailleurs, toujours en quête du bel âtre,
Du bel Autre, auquel je jetterais mes mots
Mes maux, mes baisers ronds comme des sceaux,
Et ma plume en truc à son cou.
La barque funéraire glisse sur un Nil larmoyant
J’y prends place accompagnant ce sentiment de solitude
A sa dernière demeure, sa reposante jachère
Mais non, ne pleure pas, tout est de ma faute
Je promet, je ne tenterais plus de t’emprunter la main,
Un bout de palpitant, ou tout autre organe vibratoire
Je me répudie moi-même, j’abdique, j’abjure
Me résigne, me dé-signe, détachement final, banal
Plus rien à dire, je ne trouve plus les lettres
Pour rassembler les syllabes, il me manque Rosette
Pour déchiffrer mes propres mots
C’est le signe terrible, le mouchoir de la gare
Je l’agite mais vois-tu, c’est moi qui part
Qui largue les amarres en gentil au-revoir
A bientôt peut-être, qui sait où la brise m’emporte
La Terre est ronde et tous les chemins mènent à ma robe…