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Brahim OULD

Voyage au pays des Maures

Ah ! que tu es rude, route des négriers ;
La grand’ voile grise de La Belle Hirondelle,
Que dix marins bretons, comme de fins limiers,
Gonflaient d’un vent rageur sur ta trace éternelle ;
Ils s’en allaient droit, vers la Mauritanie,
Pêcher la langouste, connaissant leur partie,
Bravant tous les dangers d’une mer en furie.
C’est de leurs ancêtres qu’ils ont cette manie…

À bord de ce voilier, allaient à l’aventure,
Deux jeunes bretonnes, Odette et Marion,
Vers le pays des Maures, au désert sans pâture,
Vers le pays de la soif, du chacal et du lion…
Pâles passagères quittant leur Bretagne
Et sa douce fraîcheur, pour subir les mirages,
Souffrir les grains de sable et les regs de castagne,
Faisant ainsi preuve de mille et un courages…

Deux petits revolvers leur servaient de défense.
En ce mois de janvier, mil neuf cent trente-quatre,
Elles vont parcourir, sans la moindre offense,
Ce grand « Pays de la Peur », sous une chaleur d’âtre…
Car leur seule arme vraie était leur bonne grâce
Envoûtant le nomade et le guerrier errant.
Et sans jamais perdre ni le cœur ni la face.
Leur amour des hommes, n’était point aberrant…

Sur cette terre morne où jamais aucun homme
N’a fixé demeure mourut Coppolani,
« L’ami des musulmans », héros et gentilhomme.
Et le peuple Maure resta bien désuni,
Jusqu’à ce que Gouraud reprît la belle flamme,
Qui ouvrit les bédouins sur la modernité.
Et plus tard dans les airs, flottait haut l’oriflamme,
D’une jeune nation, en toute dignité…