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Bernard MIALON

Saison de fenêtres

Derrière le brouillard de ses carreaux jaunis,
Elle cache ses yeux, peut-être ses angoisses
Quand les nuages lourds annoncent l’agonie,
D’un ciel disparaissant sous des brumes tenaces.

Quelquefois chaudement, un rayon de soleil,
Telle douce caresse, vient mourir sur sa main
Dont la peau tant flétrie par la peur du sommeil,
Révèle des sillons, des creux et des chemins.

Parfois, quand une femme à la robe trop pure,
Cigogne magnifique, colombe vénérée,
D’un geste nonchalant vient la désaltérer,
Elle habille ses yeux d’étranges déchirures.

Souvent pour mieux s’enfuir, ses souvenirs reviennent
Comme les enfants froids, arrogants lui mentir,
Dans sa maison, là-bas, frémissent les persiennes,
Emportées par ce temps, qu’elle écoute partir.

Les jours meurent ainsi, oubliant leur mémoire
Où dorment sacrifiés, les printemps inhumés,
L’amour se meurt ici, oublié dans l’armoire
Où s’endorment rangés, les habits parfumés.

Derrière le brouillard de ses carreaux jaunis,
Elle cache ses yeux, ses angoisses peut-être,
Quand d’un soleil pleurant, naît la monotonie,
D’un horizon froissé par de sombres fenêtres.