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Bernard LANZA

La petite ( 2 )

La petite, elle était vraiment heureuse
Quand l'Antoine débarquait à la ferme
Pour acheter bien des oeufs à sa mère;
La Guite était rarement souriante,
Mais c'était une femme courageuse,
Sa môme, elle l'avait élevée toute seule,
La petite n'avait pas encore trois ans
Quand le père était mort d'une cyrrhose;
La Guite travaillait dur à la terre,
Avec le vieux commis, le Guste Bozon,
Un homme robuste, et aussi son amant;
Elle se doutait bien que l'Antoine
Nourrissait des sentiments pour sa fille,
Elle avait bien recommandé à celle-ci
De ne pas accepter de coucher, surtout;
La petite avait de l'amitié pour Antoine,
Il était affectueux et aussi joli garçon,
Bien qu'il eût dépassé la trentaine.
Coucher, elle n'y songeait pas trop, encore,
Et puis l'Antoine était un homme respectueux;
Mais elle ne crachait pas dessus, oh mais non !
Quand il l'embrassait tendrement sur les lèvres.
Elle lui faisait un bout de conduite sur le chemin
Quand il s'en retournait chez lui, et ils se bécotaient;
Et quelquefois il osait même lui enlacer la taille;
La Guite les surveillait, de la croisée de sa cuisine,
Elle s'étonnait un peu de les voir aussi corrects,
Mais ça la tranquilisait, ils ne feraient pas de bêtises;
La petite ne lui avait jamais causé de souci,
Et l'Antoine ferait un honnête mari, pensait-elle,
Il était sobre et travailleur, et bien poli aussi;
Elle se disait: d'ici trois ou quatre ans, peut-être,
Ils pourraient se marier, et ils m'aideraient à la ferme,
Et quand je serai vieille, ils s'occuperont de moi.
Cette éventualité la rassurait, elle se sentait sereine.