La rencontre
Seule, belle, immortelle, A l’orée de la vieillesse
Dans une clairière perdue, Parsemée de ses tresses
Qu’attendait-elle ainsi ? Détendue et patiente
Qu’elle n’eût pu voir avant, De son vivant, dans son antre ?
Il eût pu l’ignorer, Et ne jamais la voir
Le destin fit pencher Vers elle son regard
C’est l’horizon lointain Qui lui souffla l’aubaine
Un point évanescent, Lui coupa court l’haleine
Une voie de lumière, Une constellation
Un astre éblouissant, Des aurores à foison
Il comprit aussitôt, Et bénit tous les Dieux
Elle était face à lui, A l’unisson des Cieux
Un grand pas, encore un, Raccourcir la distance
Un lieu-dit, encore un, Et l’horizon en transe
Un geste de sa main,Accrochant l’infini
Fit incarner soudain, Le désir de sa vie
Il traversa son âme Dans la brume de sa chair
Encore un geste, encore, Il s’insère, il l’enserre
Des souvenirs fugaces Les contours se dérobent
Ses bras sont vides, hélas ! Encore un geste, encore
Elle attendait toujours Etait-ce déjà son heure ?
Ses cheveux alourdis Se perdaient tels des pleurs
Elle le sentait si près, Respirait son odeur
Elle eût voulu le prendre En son sein, en son cœur
Ils s’étaient aperçus Sans pouvoir s’enlacer
Sans s’être jamais vus, Ils se sont tant aimés
S'il tempeste, s'il gronde Elle le suit en lumière,
Et pour mieux le frôler, Elle s'effile en éclairs
On dit que du silence Nait leur palpitation
Et que leur amour vibre En nos aspirations.
On dit encore parfois Que leur amour demeure
En tout recoin sur terre Qui porte à la désheure.