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Arwen GERNAK

Lettre à la petite fille en pleurs.

Les petites filles sont comme ces fleurs
Parsemant les sentiers de campagnes.
Elles bordent de leur beauté innocente
Les champs cultivés. Les petites filles naissent
Au gré du vent avec une seule prière :
’ Promeneur du hasard, si tu me cueilles,
Ne le fais pas distraitement pour assouvir
Une envie soudaine
De tenir la simplicité dans tes mains.
Surtout ne m’effeuille pas
Par plaisir de mesurer le poids de ma force d’aimer.’
Les petites filles désirent devenir
Un bouquet de fraîcheur
Dans une maison d’eau et de soleil.
Elles savent que leur saison ne sera
Peut-être jamais comme dans leurs rêves.
Elles ignorent même si elles auront le temps
D’ensemencer à nouveau les fossés incultes.
Les petites filles dans leur corolle tendre
Présentent leur cœur sans pudeur :
Elles sont tellement généreuses et naïves.
Elles ont parfois la prétention de fleurir à jamais
Dans les yeux de ce jeune homme
Qui s’avance dans les champs.
Elles frémissent, blanches camomilles
A la virginité à prendre ; elles rougissent,
Timides coquelicots dont on vient de caresser
Les pétales couleur sang; ou encore,
Fières centaurées, elles bleuissent de leur colères enfantin
Les petites filles fanent aussi, abandonnées
Comme des jouets qui ne divertissent plus.
Elles gisent alors sans courage, déracinées
Par trop d’amour et meurent un jour,
Le cœur assoiffé d'une tendresse chimérique.
Mais le pire n’est point là. Le pire,
Pour les petites filles, c’est de pourrir,
Après la lente agonie, quand le promeneur
S’en est allé à jamais.
Oh, ce n’était pas forcément par caprice !
Non, simplement, c’est qu’il ne pouvait faire autrement,
Son chemin ne s’arrêtant pas dans ce sentier.
Il avait un rendez-vous important,
Dans une contrée lointaine. Ce passant-là,
Amoureux d’une petite fille, a, lui aussi,
Saigné en silence tout le grenat du coquelicot ;
Il a pali autant que la blanche camomille,
A l’annonce de sa destination ;
Et sans doute a-t-il bleui d’effroi
Comme la belle centaurée
Petite fille que je rencontre chaque jour
En bordure de mes sentiers, ne pleure pas :
Il te faut cette eau pour survivre
Car les nuages n’ont plus de pluie.
Petite fille, petite fleur, ne meurt pas
Sinon qui contera combien tu l’aimais.