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Arwen GERNAK

A la première aurore

A la première aurore,
Quand le soleil s’étire sur l’horizon,
Cueillerais-tu sur mes lèvres
La rosée de mes songes ?
Il te faudra, mon amour,
Tant d’impudique audace
Pour écarter les voiles
Qui me séparent du jour.
Je sais ta main tremblante
Et l'eau bleue de tes yeux.
Je sais ce rose,
Masque attendrissant,
Qui habille ta joue.
Contre un portail,
Un battement sourd,
Comme un battoir,
Régulier et puissant,
Scande mon dernier rêve.
Pourquoi est-il soudain précipité ?
Est-ce ton cœur ému
Craignant un sursis trop court
Entre ton baiser suspendu
Et le lever du jour ?
Hâte-toi, mon amant, mon amour,
Vois, les premiers rayons
Caressent déjà
Les haies et l’herbe perlée.
Bientôt, la chambre perdra ses mystères
Et mon regard dans un embrun
Te surprendra
Dans ce geste arrêté
Qui était un baiser.
S’il le fallait,
Je retiendrais à jamais
Le soleil de cette aurore,
Pour goûter,
Enfin et encore
La ferveur de tes lèvres,
Prière sur les miennes.
Mais le tisserand de la nuit
A remis son ouvrage fini
Dans les mains magiciennes
De la leste dentellière.
Ses doigts experts
Cousent l’ourlet du jour
Et l’instant furtif s’enfuit.
Comme toujours,
Le soleil luit.


21-02-06