Lorsque le nomade qui va du MONT Sinaï à la Syrie Lie au dattier son chameau amaigri, Et, sous l'ombre poudreuse où sèche le fruit mort, S'enveloppant dans son rude manteau , s'endort.
Faisant trêve aux ardentes fatigues, Il voit La lointaine oasis Où rougissent les figues, Et l'étroite vallée où campe sa tribu, Et la source courante où ses lèvres ont bu.
Des brebis bêlant, dans leurs crèches, Et des femmes causant près des citernes fraîches, Ou, sur le sable, en rond, les chameliers assis, Aux lueurs de la lune écoutent les récits ? Par delà le cours des heures éphémères, Leurs âmes est en voyage au pays des chimères.
Rêvant que des chevaux glorieux, Les emportent dans la hauteur des cieux ; Soudain notre nomade sursaute, et croit voir, par les nuits Des filles à ses côtés pâmées. Mais sur la dune au loin le chabraque a hurlé, Le méhari rue, et son rêve est troublé ; Seule une flamme vive et le silence, Et le grand ciel rouge brun sur l'étendue immense
