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Ambre DELUNE

Fluctuat Nec Mergitur...

Si ma plume s’ensaigne écorchée par le joug
D’une amarre encordée aux bleus de mes déveines
Dois-je encore pleurer, mains jointes à genoux
Ou dois-je écarteler mes doigts sous l’infortune
D’une obole en sou franc, l’arme de la fortune
En devrais-je payer aussi mes maux sonneurs ?
Plus rien ne vaudra mieux que mes lettres d’honneur
Pour le prix de ma peine !

Ö Mer que je chantais autrefois à mes pieds
Quand bondissait le chœur de marines nouvelles
Me faut-il agonir, me faut-il expier
Au replet d’une coque où s’ancre ma démence ?
Tandis que se poursuit le rythme tambourin
De ma galère offerte à ce Port de clémence
Je veux troquer l’épice à un frais romarin
Au quai des caravelles

Vous vaisseaux corrompus, lâchez un peu de lest
Ecopez les sanglots de ma morne saison
Voyez de l’horizon désarçonné par l’Est
Mes artères vibrant sur mes ailes étales
Lors que se plie mon mât en position fœtale
En boulet de chagrin, nœud coulant de misère
Le corps fou hisse haut la voile des faux airs
Pour gagner l’irraison !

Prenez tout sans compter ! Et ma peur et ma rage !
Mon gouvernail tremblant n’avouera son sabord
Ni la soif de survivre ou la faim de l’orage
Ne lâcheront le cap de mes rives alertes !
Avant que ce forban n’assaille tout mon sang
Je ramerai plus fort sur cette houle inerte
Et la rumeur fut-elle en multiple de Cent
Ne tiendra pas mon Nord !

Ce gué infranchissable est mon fier attribut
Pensez-vous l’idéel sous des eaux plus propices ?
Fi d’un conditionnel quand le présent a bu
Le sel en démesure en goulées d’évidence
Qu’il a déjà conquis sur l’onde providence
Le lever face aux vents du pavillon d’espoir
Sur lequel s’est gravée l’emblème du vouloir :
‘’Il n’est vain sacrifice !’’

Je noierai ma douleur sous ces flots en furie
Tel un bourgeon éclot de revoir le soleil
Je pendrai haut et court le moindre des houris
Soufflerait la victoire aux escadres d’épaves
Que de mon ciel meurtri par les feux de l’aurore
Une harpe se bande au long de son étrave
Et démine l’atoll de mes futurs trésors
Pour fuir le grand sommeil !