Vos
poèmes

Accablé de chaleur, le jour s’est effacé.
De Séville à Xérès quelques accords résonnent,
Hésitant à rejoindre un rythme cadencé.

Au-delà des démons que les feux emprisonnent
S’élèvent les sanglots d’un chant mystérieux,
Refrains bouleversants dont les esprits foisonnent.

Le vent à cet appel, s’invite, curieux ;
Il apaise l’émoi, caresse les visages,
Dissipe les chagrins d’un souffle impérieux.

Cette terre soupire et dans ses paysages
Palpitent les accents d’un peuple métissé.
La musique s’envole en de troublants présages.

L’âme du flamenco, gardienne du passé,
Ressuscite le soir les complaintes brûlantes
Des derniers voyageurs au destin terrassé.

Dans le ciel assombri, les étoiles filantes
Guident en lieu sacré le pas du pèlerin
Dont la ferveur se mêle aux voix ensorcelantes.

Les ombres sur la toile, au son du tambourin,
Révèlent une danse envoûtante et farouche ;
La nuit, jalousement, referme son écrin.

La guitare s’endort, rêvant d’une escarmouche
De quelques perles d’eau sur les champs embrasés,
Dans l’exaltation d’un concerto manouche.

Le silence frissonne aux échos tamisés.