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Alexis MASSON

La ville

On marche au cœur des sons rauques de cette ville,
Déambulant les marches peignées de crachats.
Aux bancs, des jeunes aux coiffures malhabiles
Griffent des choses indiscrètes, aux yeux des chats.

Par ce temps triste le froid sillonne les rues,
Et cerne les écharpes des petites dames,
Tâtonnant de leurs bottines, un brouillard dodu
Qui avance lentement dans la ville calme.

Des jeunes filles qui rentrent dans le cinéma
Aux murs dégoulinants de la sueur du ciel.
Il abrite les gens frissonnants d’ici-bas,
Dévorant d’un bruit sourd leurs bonbons parfum miel.

L’onde des flaques s’agite au proche tonnerre.
Sur ces ondes se posent les feuilles de chêne
Attendant que la toux du vent se pose à terre,
Et que s’endorme le fou mistral des plaines.

Sonnant midi, la cloche fait trembler le vent
Qui titube en frappant aux vitres des maisons.
Aux cafés, écoutant l’angélus bruyant,
On se sent troublé face à la place qui fond.

Dans les bars du coin, on sent l’ennui qui règne
Et les parfums enivrants de bière et de vin.
On joue au billard, passant le temps qui saigne,
Ou aux cartes, passant l’ennui de ce matin.

Le temps passe. La brume près des murs aveugles
Est l’écume grisâtre et flottante des flaques.
La grosse cloche, qui vers le vent est tournée,
Qui a son gré danse... danse à la pluie qui l’attaque.

Dépourvue de gens, on croirait la ville morte.
Vide de vie, on peut dire : "la mort d’un jour".
Aujourd’hui, le bonheur nous ferme ses portes.
La cloche chaque heure sonne le glas du jour.