Tels des mousquetaires
Nous marchions gaiement sur cette vallée,
Et en moi sonnaient quelques cloches naines;
Ainsi nous surmontions la belle plaine,
Celle de nos grands souvenirs passés.
Au sommet des beaux étendards élancés,
Évanouis dans nos sombres hauts domaines;
Me souvenant de nous, maillons en chaine,
Et pour seul roi, ce drapeau d’amitié.
Nous nous tenons là tels des mousquetaires,
Nos épées se croisaient et s’élevaient,
Grandissant vers ce soleil enflammé,
Pour revenir dans nos fourreaux amers.
Avec regret nous nous quittâmes mes frères,
Ce jour où nous devions nous arracher,
Voguer pour un autre rivage allié,
Et jamais, je n’ai pu retrouvé la mer.
Cette eau, ces oiseaux criant notre joie,
La rare beauté de la vie plaisante,
Vous me manquez ô chers bateaux d’entente,
Vos ancres que je ne rencontre ici bas.
Vous mes compagnons qui brillaient en moi,
Vous êtes toujours mes pièces manquantes,
Que je recherche par toutes ces fentes,
Mais je ne vous vois point de mon état.
Oui, j’ai bien changé, même tous les hommes,
Par ces événements, par ces courants,
L’océan a rendu mon cœur dur et méchant,
Rude, toutefois bon, comme une pomme.
Je crains que vous ne reconnaissiez Rome,
Notre terre, celle des conquérants,
Celle de nos aventures d’enfants,
Qu’il était heureux à lire ce tome.
Je croise alors mes doigts, mes bras ouverts,
Pour qu’un jour arrivent ces retrouvailles,
Où je vous raconterai mes batailles,
Ma vie sans vous, sans croiser vos deux fers.
