Sur la colline des mirages, Claudiquant et traversant les âges, Elle s'avance.
Une pâquerette à la main, Et un sourire fané à la bouche Elle fredonne un ancien refrain, Depuis longtemps disparu.
Car errant dans les brumes depuis des années, En son cœur brûle un éternel brasier, Souhait de te revoir, désir de te retrouver.
Ô combien mémoire humaine est volatile ! La nuit tombe à peine que déjà, Les souvenirs du jour s'effacent ; Des étoiles tombe le rideau.
Que d'épreuves n'eût-elle pas à franchir ! Pour toujours garder la bonté en elle, Ne jamais le souvenir de son ami haïr ; Autour d'elle souffle le vent, emporte l'hirondelle.
Aucune nouvelle depuis tant de jours, tant d'années Peut-être d'elle n'a-t-il que des regrets ? Est-ce une larme sur sa joue ridée ?
Son corps dort maintenant dans le sous-bois, Bientôt sous les feuilles mortes enseveli. L'autre vieille dame était aux abois Et avec elle l'a emmenée dans l'autre pays.
Son esprit demeure pourtant. Vapeur translucide qui croit encore, Qui sous le couvert des arbres brave la mort, Sous le clair de lune elle t'attend.
