Je suis vendeur D’innocente candeur De blanches camisoles Faites pour l’échafaud
Je suis vendeur De minutes et d’heures Que j’ai moi-même Volées au temps
Quand parfois je m’isole Dans mon arrière-boutique C’est pour y fabriquer Des objets mécaniques Des rêves insensés Et des vies improbables Sans cesse interrompues Toujours recommencées
Et puis je vous les vends Sur mon comptoir cuivré Vous posez la monnaie Comme ceux qui par défi Viennent jeter un gant
A vrai dire je suis Un piètre commerçant Vous me pardonnerez Si souvent je refuse Fermement de livrer Des morceaux choisis Sur la beauté des choses
J’abhorre les chrestomathies Qui glorifient Les vers mielleux Issus du croisement honteux De relents de guimauve Et de parfum de roses